La BnF, de la réalité à l’imaginaire

La frontière du réel

La Bibliothèque nationale de France a une longue histoire derrière elle. Cette illustre dame serait née en 1368 quand Charles V installe une collection de livres dans une salle de Louvres. Quelques années et rois plus tard, elle acquiert ses lettres de noblesse. Elle s’appelle alors la bibliothèque Royale. Puis vient la révolution française. Les collections s’enrichissent, la bibliothèque change de nom. Elle devient la Bibliothèque de la Nation mais est déjà trop exiguë. Les ouvrages affluent, des annexes sont construites à celle qui a encore changé de nom pour se baptiser Bibliothèque Nationale. Pour continuer à remplir les missions qu’elle s’est fixées dans son décret de création « collecter, conserver, enrichir et communiquer le patrimoine documentaire national, il faut effectuer une nouvelle mutation. Changer de peau.

C’est ce qu’annonce le président de la Vè République, François Mitterrand, lors de son allocution du 14 juillet 1989. Un concours international est lancé. L’architecte Dominique Perrault en est le lauréat. Il créé le nouveau look de la dame.

Nouveau lieu pour une nouvelle vie, elle quitte la rue Richelieu pour les bords de Seine. Une friche industrielle de 7 hectares dans le 13è arrondissement de Paris l’accueil. Les travaux s’étendent de 1989 à 1995. Dans cette renaissance, elle est rebaptisée Bibliothèque nationale de France (BnF pour les intimes) en 1994 et inaugurée en 1995. Elle ouvre ses portes au public en deux temps : le 20 décembre 1996 pour la bibliothèque d’étude et le 8 octobre 1998 pour la bibliothèque de recherche.

La dame a bien grandi. Elle s’enorgueillit de 4 tours en forme de livre ouvert délimitant une esplanade de 5 hectares sur le quai François Mauriac.

Ses mensurations :

  • 7 étages de bureaux
  • 11 étages de magasins
  • Surface construite : 2 900 000 m² de plancher
  • Longueur de rayonnages : 385 km linéaires
  • Coût : 7,8 milliards de francs soit 1,53 milliards d’euros

Et comme il faut bien continuer d’accueillir de nouveaux ouvrages, la BnF s’étale aujourd’hui sur 5 sites :

  • Le site François Mitterrand (les 4 tours dont on vient de parler)
  • Le site Richelieu
  • La bibliothèque de l’Arsenal
  • La bibliothèque – musée de l’Opéra
  • La maison Jean Vilar

Premiers pas dans l’imaginaire

  1. Les collections

La BnF ne compte pas moins de 14 départements de collections. Et parmi ces 14 départements, certains abritent des bulles d’imaginaire.

– Département des Arts du spectacle

On conserve ici la mémoire de toutes les formes d’expression du spectacle vivant. Du mime en passant par les marionnettes, le cabaret, le music hall, le théâtre, le cinéma, la télévision et la radio, nul doute qu’on y trouvera de quoi alimenter l’imagination.

– Département Littérature et Art

C’est dans la salle H que l’on trouvera les représentants des littératures sites de genre : Polar, science-fiction et romans graphiques.

– Département de l’audiovisuel

La BnF du haut de son grand âge ne reste pas moins ouverte à la nouveauté et au divertissement ludique. Ainsi depuis 1992, elle collecte des jeux vidéo. Les 15000 jeux accueillis à ce jour constituent la première et la plus grande collection de ce support en France.

  • Les animations

Chaque mois, la BnF propose des animations variées à l’adresse de publics tout aussi divers. Parmi ceux qui touchent à l’imaginaire, il y a ceux-ci.

– Les jeudis de l’Oulipo

Rendez-vous mensuel où les « amateurs de jeux de l’esprit et de littérature potentielle » sont invités à explorer des thèmes d’actualité. Les réunions ont lieu dans l’auditorium et certaines sessions ont fait l’objet d’enregistrement que l’on retrouve sur les Internets.

La prochaine session aura lieu le 19 décembre et aura pour terme « Beauté – santé – forme ». Et que l’on ne s’y trompe pas. De la contrainte naîtra la créativité.

– Les ateliers pour enfants

Les enfants de 3 à 6 ans sont invités à l’Heure du conte. Une heure, d’accès gratuit sur inscription le dimanche, pour découvrir le meilleur de l’actualité jeunesse.

Les 7 – 11 ans pourront utiliser imagination et fièvre créatrice pendant 2h à l’atelier de création de cartes Pop – up. Sur inscription également pour un prix de 5 euros

  • Les expositions virtuelles

Au dernier recensement, ce ne sont pas moins de 98 expositions virtuelles qui sont accessibles à partir du site de la BnF. Elles sont classées en 6 catégories. Au sein de ces collections, on trouve ici où là des thématiques que l’on peut rattacher à l’imaginaire tel que nous l’entendons aujourd’hui que je vous liste ci-dessous. Liste non exhaustive car de nouvelles expositions sont régulièrement ajoutées.

– Le livre et l’écrit

– Écrivains et conteurs

La catégorie la plus riche en thème proche de l’imaginaire

            – Histoire des représentations

            – Arts et architectures

– Photographies

– Cartes, plans et globes

Comme vous pouvez le constater, on trouve peu de contemporains et d’auteurs dits de genre dans ces expositions mais les choses vont peut-être changer car en cette fin d’année 2019, l’imaginaire envahit la BnF et 2020 est encore à venir…

2019 – 2020, plongée tête la première dans l’imaginaire

  1. L’exposition Tolkien, voyage en Terre du Milieu

Attention zone de forte affluence ! Du 22 octobre 2019 au 16 février 2020 se tient l’exposition consacrée à l’auteur de Bilbo le Hobbit et du Seigneur des Anneaux (entre autres). Forte de quelques 300 pièces dont des manuscrits et des dessins originaux de l’auteur, elle se veut un voyage dans la géographie du linguiste d’Oxford.

Elle se découpe en deux parties selon le commissaire de l’exposition :

– les escales dans l’univers créé par Tolkien avec ses paysages, montagnes, forêts elfiques, et ses habitants, hobbit, nain, elfes et autres trolls

– les coulisses de l’œuvre à travers son contexte historique et la propre vie de Tolkien à Oxford

L’exposition expliquée par Vincent Ferré, co commissaire de l’exposition à l’équipe de Babelio :

Tolkien n’a pas seulement donné ses lettres de noblesse à la fantasy. Il a aussi écrit pour ses enfants des lettres signées du père Noël. Pour animer l’exposition qui lui est consacrée, la Bnf propose aux enfants de 7 à 11 ans des ateliers d’écriture Lettres au père Noël dont voici le descriptif.

À l’image de Tolkien, l’écrivain pour enfants, le participant aura pour mission d’écrire une lettre en se mettant à la place du père Noël ou d’un membre de l’équipe du père Noël. Cette histoire drôle écrite et/ou illustrée fera l’objet d’un courrier destiné à un proche. A toi d’inventer et de partager un récit, une aventure, une histoire du quotidien au pays du grand nord pendant l’effervescence de la période de Noël! Car à l’approche des fêtes de fin d’année, il paraîtrait que l’équipe du Père Noël est souvent un peu dissipée…

Plus d’informations sur le site de la Bnf : www.bnf.fr/fr

Le catalogue de l’exposition est disponible en librairies. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur Tolkien, le magazine Lire lui consacre son 28è hors série.

  • Saison Fantasy, retour aux sources

De janvier à mars 2020, la Bnf organisera un cycle de manifestations sur le thème de la fantasy. En avant-première de ce 1er trimestre consacré à l’imaginaire, la vieille dame s’est offert un stand à la Paris Games Week où elle a pu présenter le site web exposant les sources mythiques et historiques de la fantasy et le premier jeu vidéo créé par ses soins Le Royaume d’Ystiald. Cette création originale est un jeu d’aventure narratif et immersif évoluant dans un univers inspiré de la Fantasy. Le joueur devra résoudre des énigmes afin de sauver l’Arbre du Savoir et de rétablir l’équilibre dans le royaume.

Le jeu sera disponible sur le site de la BnF et gratuit à partir du 15/01/2020.

Pour en savoir plus : http://editions.bnf.fr/le-royaume-d-istyald

La bande annonce du jeu : https://vimeo.com/369296617

Le Royaume d’Istyald from Bibliothèque nationale de France on Vimeo.

L’imaginaire s’infiltre donc dans de nobles institutions culturelles, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Bonne visite si vous avez l’occasion de passer par Paris et l’exposition Tolkien et que l’imagination soit avec vous.

Écrit par : Aurélie